George Dandin ou le mari confondu » Acte 2 » SCÈNE V
GEORGE DANDIN, LUBIN.GEORGE DANDIN.- Voici mon homme de tantôt. Plût au Ciel qu'il pût se résoudre à vouloir rendre témoignage au père et à la mère de ce qu'ils ne veulent point croire.LUBIN.- Ah vous voilà, Monsieur le babillard, à qui j'avais tant recommandé de ne point parler, et qui me l'aviez tant promis. Vous êtes donc un causeur, et vous allez redire ce que l'on vous dit en secret.GEORGE DANDIN.- Moi?LUBIN.- Oui. Vous avez été tout rapporter au mari. Et vous êtes cause qu'il a fait du vacarme. Je suis bien aise de savoir que vous avez de la langue, et cela m'apprendra à ne vous plus rien dire.GEORGE DANDIN.- Écoute, mon ami.LUBIN.- Si vous n'aviez point babillé, je vous aurais conté ce qui se passe à cette heure, mais pour votre punition vous ne saurez rien du tout.GEORGE DANDIN.- Comment. qu'est-ce qui se passe?LUBIN.- Rien, rien. Voilà ce que c'est d'avoir causé, vous n'en tâterez plus, et je vous laisse sur la bonne bouche*.GEORGE DANDIN.- Arrête un peu.LUBIN.- Point.GEORGE DANDIN.- Je ne te veux dire qu'un mot.LUBIN.- Nennin, nennin, vous avez envie de me tirer les vers du nez.GEORGE DANDIN.- Non, ce n'est pas cela.LUBIN.- Eh quelque sot*. Je vous vois venir.GEORGE DANDIN.- C'est autre chose. Écoute.LUBIN.- Point d'affaire. Vous voudriez que je vous disse que Monsieur le Vicomte vient de donner de l'argent à Claudine, et qu'elle l'a mené chez sa maîtresse. Mais je ne suis pas si bête.GEORGE DANDIN.- De grâce.LUBIN.- Non.GEORGE DANDIN.- Je te donnerai...LUBIN.- Tarare*!
|