Les Precieuses ridicules » Acte I » SCÈNE VII
MASCARILLE, DEUX PORTEURS.MASCARILLE.- Holà, porteurs, holà. Là, là, là, là, là, là. Je pense que ces marauds-là ont dessein de me briser, à force de heurter contre les murailles, et les pavés.1er PORTEUR.- Dame, c'est que la porte est étroite. Vous avez voulu aussi, que nous soyons entrés jusqu'ici.MASCARILLE.- Je le crois bien. Voudriez-vous, faquins, que j'exposasse l'embonpoint de mes plumes aux inclémences de la saison pluvieuse, et que j'allasse imprimer mes souliers en boue? Allez, ôtez votre chaise d'ici*.2e PORTEUR.- Payez-nous donc, s'il vous plaît, Monsieur.MASCARILLE.- Hem?2e PORTEUR.- Je dis, Monsieur, que vous nous donniez de l'argent, s'il vous plaît.MASCARILLE, lui donnant un soufflet.- Comment, coquin, demander de l'argent à une personne de ma qualité?2e PORTEUR.- Est-ce ainsi, qu'on paye les pauvres gens? et votre qualité nous donne-t-elle à dîner?MASCARILLE.- Ah, ah, ah, je vous apprendrai à vous connaître. Ces canailles-là s'osent jouer à moi.1er PORTEUR, prenant un des bâtons de sa chaise.- Çà, payez-nous vitement.MASCARILLE.- Quoi?1er PORTEUR.- Je dis, que je veux avoir de l'argent, tout à l'heure*.MASCARILLE.- Il est raisonnable*.1er PORTEUR.- Vite donc.MASCARILLE.- Oui-da, tu parles comme il faut, toi; mais l'autre est un coquin, qui ne sait ce qu'il dit. Tiens es-tu content?1er PORTEUR.- Non je ne suis pas content, vous avez donné un soufflet à mon camarade, et...MASCARILLE.- Doucement, tiens, voilà pour le soufflet. On obtient tout de moi, quand on s'y prend de la bonne façon. Allez, venez me reprendre tantôt, pour aller au Louvre au petit coucher*.
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