Mélicerte » Acte 2 » SCÈNE II
MÉLICERTE* Vous le voyez, mon cœur, ce que c'est que d'aimer,Et Bélise avait su trop bien m'en informer.Cette charmante mère avant sa destinée*,Me disait une fois, sur le bord du Pénée*: 365 "Ma fille, songe à toi: l'amour aux jeunes cœursSe présente toujours entouré de douceurs.D'abord il n'offre aux yeux que choses agréables;Mais il traîne après lui des troubles effroyables.Et si tu veux passer tes jours dans quelque paix, 370 Toujours comme d'un mal défends-toi de ses traits."De ces leçons, mon cœur, je m'étais souvenue;Et quand Myrtil venait à s'offrir à ma vue,Qu'il jouait avec moi, qu'il me rendait des soins,Je vous disais toujours de vous y plaire moins; 375 Vous ne me crûtes point, et votre complaisanceSe vit bientôt changée en trop de bienveillance.Dans ce naissant amour qui flattait vos désirs,Vous ne vous figuriez que joie et que plaisirs:Cependant vous voyez la cruelle disgrâce, 380 Dont en ce triste jour le destin vous menace,Et la peine mortelle où vous voilà réduit!Ah, mon cœur! ah, mon cœur! je vous l'avais bien dit;Mais tenons, s'il se peut, notre douleur couverte:Voici...
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