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Actes de l'oeuvre
La Comtesse d'Escarbagnas :

¤Acte 1
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
ºSCÈNE VIII
ºSCÈNE DERNIÈRE
 
 

 

La Comtesse d'Escarbagnas » Acte 1 » SCÈNE V

MONSIEUR TIBAUDIER, LE VICOMTE, LA COMTESSE, JULIE, ANDRÉE, CRIQUET.

LA COMTESSE.- Approchez, Monsieur Tibaudier, ne craignez point d'entrer. Votre billet a été bien reçu, aussi bien que vos poires, et voilà Madame qui parle pour vous, contre votre rival.

MONSIEUR TIBAUDIER.- Je lui suis bien obligé, Madame, et si elle a jamais quelque procès en notre siège, elle verra que je n'oublierai pas l'honneur qu'elle me fait, de se rendre auprès de vos beautés l'avocat de ma flamme.

JULIE.- Vous n'avez pas besoin d'avocat, Monsieur, et votre cause est juste.

MONSIEUR TIBAUDIER.- Ce néanmoins, Madame, bon droit a besoin d'aide*, et j'ai sujet d'appréhender de me voir supplanté par un tel rival, et que Madame ne soit circonvenue par la qualité de vicomte.

LE VICOMTE.- J'espérais quelque chose, Monsieur Tibaudier, avant votre billet, mais il me fait craindre pour mon amour.

MONSIEUR TIBAUDIER.- Voici encore, Madame, deux petits versets, ou couplets*, que j'ai composés à votre honneur et gloire.

LE VICOMTE.- Ah! je ne pensais pas que Monsieur Tibaudier fût poète, et voilà pour m'achever, que ces deux petits versets-là.

LA COMTESSE.- Il veut dire deux strophes*. Laquais, donnez un siège à Monsieur Tibaudier. Un pliant*, petit animal. Monsieur Tibaudier, mettez-vous là, et nous lisez vos strophes.

MONSIEUR TIBAUDIER.-

Une personne de qualité
Ravit mon âme,
Elle a de la beauté,
J'ai de la flamme;
Mais je la blâme
D'avoir de la fierté.

LE VICOMTE.- Je suis perdu après cela.

LA COMTESSE.- Le premier vers est beau, Une personne de qualité.

JULIE.- Je crois qu'il est un peu trop long, mais on peut prendre une licence pour dire une belle pensée.

LA COMTESSE.- Voyons l'autre strophe.

MONSIEUR TIBAUDIER.-

Je ne sais pas si vous doutez de mon parfait amour;
Mais je sais bien que mon cœur à toute heure
Veut quitter sa chagrine demeure,
Pour aller par respect faire au vôtre sa cour:
Après cela pourtant, sûre de ma tendresse,
Et de ma foi, dont unique est l'espèce,
Vous devriez à votre tour
Vous contentant d'être comtesse,
Vous dépouiller en ma faveur, d'une peau de tigresse,
Qui couvre vos appas, la nuit comme le jour.

LE VICOMTE.- Me voilà supplanté, moi, par Monsieur Tibaudier.

LA COMTESSE.- Ne pensez pas vous moquer, pour des vers faits dans la province, ces vers-là sont fort beaux.

LE VICOMTE.- Comment, Madame, me moquer? Quoique son rival, je trouve ces vers admirables, et ne les appelle pas seulement deux strophes, comme vous, mais deux épigrammes, aussi bonnes que toutes celles de Martial.

LA COMTESSE.- Quoi, Martial fait-il des vers, je pensais qu'il ne fît que des gants?

MONSIEUR TIBAUDIER.- Ce n'est pas ce Martial-là, Madame, c'est un auteur qui vivait il y a trente ou quarante ans*.

LE VICOMTE.- Monsieur Tibaudier a lu les auteurs, comme vous le voyez. Mais allons voir, Madame, si ma musique et ma comédie, avec mes entrées de ballet, pourront combattre dans votre esprit les progrès des deux strophes, et du billet que nous venons de voir.

LA COMTESSE.- Il faut que mon fils le Comte soit de la partie, car il est arrivé ce matin de mon château avec son précepteur, que je vois là-dedans.