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Actes de l'oeuvre
Le médecin malgré lui :

¤Acte 1
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
¤Acte 2
¤Acte 3
 
 

 

Le médecin malgré lui » Acte 1 » SCÈNE PREMIÈRE

SGANARELLE, MARTINE, en se querellant.

SGANARELLE.- Non je te dis que je n'en veux rien faire; et que c'est à moi de parler et d'être le maître.

MARTINE.- Et je te dis moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie: et que je ne me suis point mariée avec toi, pour souffrir tes fredaines.

SGANARELLE.- Ô la grande fatigue que d'avoir une femme: et qu'Aristote a bien raison, quand il dit qu'une femme est pire qu'un démon*!

MARTINE.- Voyez un peu l'habile homme, avec son benêt d'Aristote.

SGANARELLE.- Oui, habile homme, trouve-moi un faiseur de fagots, qui sache, comme moi, raisonner des choses, qui ait servi six ans, un fameux médecin, et qui ait su dans son jeune âge, son rudiment* par cœur.

MARTINE.- Peste du fou fieffé.

SGANARELLE.- Peste de la carogne.

MARTINE.- Que maudit soit l'heure et le jour, où je m'avisai d'aller dire oui.

SGANARELLE.- Que maudit soit le bec cornu* de notaire qui me fit signer ma ruine.

MARTINE.- C'est bien à toi, vraiment, à te plaindre de cette affaire: devrais-tu être un seul moment, sans rendre grâces au Ciel de m'avoir pour ta femme, et méritais-tu d'épouser une personne comme moi?

SGANARELLE.- Il est vrai que tu me fis trop d'honneur: et que j'eus lieu de me louer la première nuit de nos noces. Hé! morbleu, ne me fais point parler là-dessus, je dirais de certaines choses...

MARTINE.- Quoi? que dirais-tu?

SGANARELLE.- Baste*, laissons là ce chapitre, il suffit que nous savons ce que nous savons: et que tu fus bien heureuse de me trouver.

MARTINE.- Qu'appelles-tu bien heureuse de te trouver? Un homme qui me réduit à l'hôpital, un débauché, un traître qui me mange tout ce que j'ai?

SGANARELLE.- Tu as menti, j'en bois une partie.

MARTINE.- Qui me vend, pièce à pièce, tout ce qui est dans le logis.

SGANARELLE.- C'est vivre de ménage*.

MARTINE.- Qui m'a ôté jusqu'au lit que j'avais.

SGANARELLE.- Tu t'en lèveras plus matin.

MARTINE.- Enfin qui ne laisse aucun meuble dans toute la maison.

SGANARELLE.- On en déménage plus aisément.

MARTINE.- Et qui du matin jusqu'au soir, ne fait que jouer, et que boire.

SGANARELLE.- C'est pour ne me point ennuyer.

MARTINE.- Et que veux-tu pendant ce temps, que je fasse avec ma famille?

SGANARELLE.- Tout ce qu'il te plaira.

MARTINE.- J'ai quatre pauvres petits enfants sur les bras.

SGANARELLE.- Mets-les à terre.

MARTINE.- Qui me demandent à toute heure, du pain.

SGANARELLE.- Donne-leur le fouet. Quand j'ai bien bu, et bien mangé, je veux que tout le monde soit saoul dans ma maison.

MARTINE.- Et tu prétends ivrogne, que les choses aillent toujours de même?

SGANARELLE.- Ma femme, allons tout doucement, s'il vous plaît.

MARTINE.- Que j'endure éternellement, tes insolences, et tes débauches?

SGANARELLE.- Ne nous emportons point ma femme.

MARTINE.- Et que je ne sache pas trouver le moyen de te ranger à ton devoir?

SGANARELLE.- Ma femme, vous savez que je n'ai pas l'âme endurante: et que j'ai le bras assez bon.

MARTINE.- Je me moque de tes menaces.

SGANARELLE.- Ma petite femme, ma mie, votre peau vous démange, à votre ordinaire.

MARTINE.- Je te montrerai bien que je ne te crains nullement.

SGANARELLE.- Ma chère moitié, vous avez envie de me dérober quelque chose*.

MARTINE.- Crois-tu que je m'épouvante de tes paroles?

SGANARELLE.- Doux objet de mes vœux, je vous frotterai les oreilles.

MARTINE.- Ivrogne que tu es.

SGANARELLE.- Je vous battrai.

MARTINE.- Sac à vin.

SGANARELLE.- Je vous rosserai.

MARTINE.- Infâme.

SGANARELLE.- Je vous étrillerai.

MARTINE.- Traître, insolent, trompeur, lâche, coquin, pendard, gueux, belître, fripon, maraud, voleur...!

SGANARELLE.- Il prend un bâton, et lui en donne.- Ah! vous en voulez, donc.

MARTINE*.- Ah, ah, ah, ah.

SGANARELLE.- Voilà le vrai moyen de vous apaiser.