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Actes de l'oeuvre
Amphitryon :

¤Acte 1
¤Acte 2
¤Acte 3
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
ºSCÈNE VIII
ºSCÈNE IX
ºSCÈNE X
 
 

 

Amphitryon » Acte 3 » SCÈNE PREMIÈRE

AMPHITRYON
Oui, sans doute, le sort tout exprès me le cache;
1440 Et des tours que je fais, à la fin, je suis las.
Il n'est point de destin plus cruel, que je sache.
Je ne saurais trouver, portant partout mes pas,
Celui qu'à chercher je m'attache;
Et je trouve tous ceux que je ne cherche pas.
1445 Mille fâcheux cruels, qui ne pensent pas l'être,
De nos faits*, avec moi, sans beaucoup me connaître,
Viennent se réjouir, pour me faire enrager.
Dans l'embarras cruel du souci qui me blesse,
De leurs embrassements, et de leur allégresse,
1450 Sur mon inquiétude, ils viennent tous charger*.
En vain à passer je m'apprête,
Pour fuir leurs persécutions.
Leur tuante amitié, de tous côtés m'arrête;
Et tandis qu'à l'ardeur de leurs expressions,
1455 Je réponds d'un geste de tête;
Je leur donne, tout bas, cent malédictions.
Ah! qu'on est peu flatté de louange, d'honneur,
Et de tout ce que donne une grande victoire,
Lorsque dans l'âme on souffre une vive douleur!
1460 Et que l'on donnerait volontiers cette gloire,
Pour avoir le repos du cœur!
Ma jalousie, à tout propos,
Me promène sur ma disgrâce*;
Et plus mon esprit y repasse,
1465 Moins j'en puis débrouiller le funeste chaos.
Le vol des diamants n'est pas ce qui m'étonne:
On lève les cachets, qu'on ne l'aperçoit pas*;
Mais le don, qu'on veut qu'hier j'en vins faire en personne,
Est ce qui fait ici mon cruel embarras.
1470 La nature parfois produit des ressemblances,
Dont quelques imposteurs ont pris droit d'abuser:
Mais il est hors de sens*, que sous ces apparences
Un homme, pour époux, se puisse supposer;
Et dans tous ces rapports, sont mille différences,
1475 Dont se peut une femme aisément aviser.
Des charmes* de la Thessalie,
On vante de tout temps les merveilleux effets:
Mais les contes fameux, qui partout en sont faits,
Dans mon esprit toujours ont passé pour folie;
1480 Et ce serait du sort une étrange rigueur,
Qu'au sortir d'une ample victoire,
Je fusse contraint de les croire,
Aux dépens de mon propre honneur.
Je veux la retâter* sur ce fâcheux mystère;
1485 Et voir si ce n'est point une vaine chimère,
Qui sur ses sens troublés ait su prendre crédit.
Ah! fasse le Ciel équitable,
Que ce penser soit véritable;
Et que, pour mon bonheur, elle ait perdu l'esprit!