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Actes de l'oeuvre
Le médecin malgré lui :

¤Acte 1
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
¤Acte 2
¤Acte 3
 
 

 

Le médecin malgré lui » Acte 1 » SCÈNE II

M. ROBERT, SGANARELLE, MARTINE.

M. ROBERT.- Holà, holà, holà, fi, qu'est-ce ci ?* Quelle infamie, peste soit le coquin, de battre ainsi sa femme.

MARTINE, les mains sur les côtés, lui parle en le faisant reculer, et à la fin, lui donne un soufflet.- Et je veux qu'il me batte, moi.

M. ROBERT.- Ah! j'y consens de tout mon cœur.

MARTINE.- De quoi vous mêlez-vous?

M. ROBERT.- J'ai tort.

MARTINE.- Est-ce là votre affaire?

M. ROBERT.- Vous avez raison.

MARTINE.- Voyez un peu cet impertinent, qui veut empêcher les maris de battre leurs femmes.

M. ROBERT.- Je me rétracte.

MARTINE.- Qu'avez-vous à voir là-dessus?

M. ROBERT.- Rien.

MARTINE.- Est-ce à vous, d'y mettre le nez?

M. ROBERT.- Non.

MARTINE.- Mêlez-vous de vos affaires.

M. ROBERT.- Je ne dis plus mot.

MARTINE.- Il me plaît d'être battue.

M. ROBERT.- D'accord.

MARTINE.- Ce n'est pas à vos dépens.

M. ROBERT.- Il est vrai.

MARTINE.- Et vous êtes un sot, de venir vous fourrer où vous n'avez que faire*.

M. ROBERT. Il passe ensuite vers le mari, qui, pareillement, lui parle toujours, en le faisant reculer, le frappe avec le même bâton, et le met en fuite, il dit à la fin.- Compère, je vous demande pardon de tout mon cœur, faites, rossez, battez, comme il faut, votre femme, je vous aiderai si vous le voulez.

SGANARELLE.- Il ne me plaît pas, moi.

M. ROBERT.- Ah! c'est une autre chose.

SGANARELLE.- Je la veux battre, si je le veux: et ne la veux pas battre, si je ne le veux pas.

M. ROBERT.- Fort bien.

SGANARELLE.- C'est ma femme, et non pas la vôtre.

M. ROBERT.- Sans doute*.

SGANARELLE.- Vous n'avez rien à me commander.

M. ROBERT.- D'accord.

SGANARELLE.- Je n'ai que faire de votre aide.

M. ROBERT.- Très volontiers.

SGANARELLE.- Et vous êtes un impertinent, de vous ingérer des affaires d'autrui: apprenez que Cicéron dit*, qu'entre l'arbre et le doigt, il ne faut point mettre l'écorce*. (Ensuite il revient vers sa femme, et lui dit, en lui pressant la main) Ô çà faisons la paix nous deux. Touche là*.

MARTINE.- Oui! après m'avoir ainsi battue!

SGANARELLE.- Cela n'est rien, touche.

MARTINE.- Je ne veux pas.

SGANARELLE.- Eh!

MARTINE.- Non.

SGANARELLE.- Ma petite femme.

MARTINE.- Point.

SGANARELLE.- Allons, te dis-je.

MARTINE.- Je n'en ferai rien.

SGANARELLE.- Viens, viens, viens.

MARTINE.- Non, je veux être en colère.

SGANARELLE.- Fi, c'est une bagatelle, allons, allons.

MARTINE.- Laisse-moi là.

SGANARELLE.- Touche, te dis-je.

MARTINE.- Tu m'as trop maltraitée.

SGANARELLE.- Eh bien va, je te demande pardon, mets là, ta main.

MARTINE. Elle dit le reste bas.- Je te pardonne, mais tu le payeras.

SGANARELLE.- Tu es une folle, de prendre garde à cela. Ce sont petites choses qui sont, de temps en temps, nécessaires dans l'amitié: et cinq ou six coups de bâton, entre gens qui s'aiment, ne font que ragaillardir l'affection. Va je m'en vais au bois: et je te promets, aujourd'hui, plus d'un cent de fagots.