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Actes de l'oeuvre
Les amants magnifiques :

¤Prologue
¤Acte I
¤Acte II
¤Acte III
¤Acte IV
¤Acte V
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
 
 

 

Les amants magnifiques » Acte V » SCÈNE IV

IPHICRATE, TIMOCLÈS, CLÉONICE, ARISTIONE, SOSTRATE, ÉRIPHILE, CLITIDAS.

ARISTIONE. - Princes, vous agissez tous deux avec une violence bien grande, et si Anaxarque a pu vous offenser, j'étais pour vous en faire justice* moi-même.

IPHICRATE. - Et quelle justice, Madame, auriez-vous pu nous faire de lui, si vous la faites si peu à notre rang, dans le choix que vous embrassez?

ARISTIONE. - Ne vous êtes-vous pas soumis l'un et l'autre, à ce que pourraient décider, ou les ordres du Ciel, ou l'inclination de ma fille?

TIMOCLÈS. - Oui, Madame, nous nous sommes soumis à ce qu'ils pourraient décider, entre le prince Iphicrate et moi, mais non pas à nous voir rebutés tous deux.

ARISTIONE. - Et si chacun de vous a bien pu se résoudre à souffrir une préférence, que vous arrive-t-il à tous deux, où vous ne soyez préparés, et que peuvent importer, à l'un et à l'autre, les intérêts de son rival?

IPHICRATE. - Oui, Madame, il importe; c'est quelque consolation de se voir préférer un homme qui vous est égal, et votre aveuglement est une chose épouvantable.

ARISTIONE. - Prince, je ne veux pas me brouiller avec une personne qui m'a fait tant de grâce, que de me dire des douceurs; et je vous prie avec toute l'honnêteté qu'il m'est possible, de donner à votre chagrin un fondement plus raisonnable, de vous souvenir, s'il vous plaît, que Sostrate est revêtu d'un mérite, qui s'est fait connaître à toute la Grèce, et que le rang où le Ciel l'élève aujourd'hui, va remplir toute la distance qui était entre lui et vous.

IPHICRATE. - Oui, oui, Madame, nous nous en souviendrons, mais peut-être aussi vous souviendrez-vous, que deux princes outragés ne sont pas deux ennemis peu redoutables.

TIMOCLÈS. - Peut-être, Madame, qu'on ne goûtera pas longtemps la joie du mépris que l'on fait de nous.

ARISTIONE. - Je pardonne toutes ces menaces, aux chagrins d'un amour qui se croit offensé, et nous n'en verrons pas avec moins de tranquillité la fête des jeux Pythiens. Allons-y de ce pas, et couronnons par ce pompeux spectacle cette merveilleuse journée.

SIXIÈME INTERMÈDE



qui est la solennité des jeux Pythiens.

Le théâtre est une grande salle en manière d'amphithéâtre, ouvert d'une grande arcade, dans le fond, au-dessus de laquelle est une tribune fermée d'un rideau; et dans l'éloignement paraît un autel pour le sacrifice. Six hommes, habillés comme s'ils étaient presque nus, portant chacun une hache sur l'épaule, comme ministres du sacrifice, entrent par le portique, au son des violons, et sont suivis de deux sacrificateurs musiciens, d'une prêtresse musicienne, et leur suite.

LA PRÊTRESSE

Chantez, peuples, chantez, en mille et mille lieux
Du Dieu que nous servons les brillantes merveilles,
Parcourez la terre et les cieux,
Vous ne sauriez chanter rien de plus précieux,
Rien de plus doux pour les oreilles.

UNE GRECQUE

À ce Dieu plein de force, à ce Dieu plein d'appas,
Il n'est rien qui résiste.

AUTRE GRECQUE

Il n'est rien ici-bas
Qui par ses bienfaits ne subsiste.

AUTRE GRECQUE

Toute la terre est triste
Quand on ne le voit pas.

LE CHŒUR

Poussons à sa mémoire
Des concerts si touchants,
Que du haut de sa gloire
Il écoute nos chants.

PREMIÈRE ENTRÉE DE BALLET

Les six hommes portant les haches, font entre eux une danse ornée de toutes les attitudes que peuvent exprimer des gens qui étudient leur force, puis ils se retirent aux deux côtés du théâtre pour faire place à six voltigeurs.

DEUXIÈME ENTRÉE DE BALLET

Six voltigeurs font paraître en cadence leur adresse sur des chevaux de bois, qui sont apportés par des esclaves.

TROISIÈME ENTRÉE DE BALLET

Quatre conducteurs d'esclaves amènent en cadence douze esclaves qui dansent, en marquant la joie qu'ils ont, d'avoir recouvré leur liberté.

QUATRIËME ENTRÉE DE BALLET

Quatre femmes, et quatre hommes armés à la grecque, font ensemble une manière de jeu pour les armes.



La tribune s'ouvre; un héraut, six trompettes et un timbalier se mêlant à tous les instruments, annonce avec un grand bruit la venue d'Apollon.

LE CHŒUR

Ouvrons tous nos yeux
À l'éclat suprême
Qui brille en ces lieux.
Quelle grâce extrême!
Quel port glorieux!
Où voit-on des Dieux
Qui soient faits de même?

Apollon au bruit des trompettes et des violons entre par le portique, précédé de six jeunes gens, qui portent des lauriers entrelacés autour d'un bâton, et un soleil d'or au-dessus avec la devise royale* en manière de trophée. Les six jeunes gens, pour danser avec Apollon, donnent leur trophée à tenir aux six hommes qui portent les haches, et commencent avec Apollon une danse héroïque, à laquelle se joignent en diverses manières les six hommes portant les trophées, les quatre femmes armées avec leurs timbres, et les quatre hommes armés avec leurs tambours, tandis que les six trompettes, le timbalier, les sacrificateurs, la prêtresse et le chœur de musique accompagnent tout cela, en s'y mêlant par diverses reprises; ce qui finit la fête des jeux Pythiens, et tout le divertissement.

CINQUIÈME et DERNIÈRE ENTRÉE DE BALLET

APOLLON, et six jeunes gens de sa suite.



Chœur de musique.

POUR LE ROI, représentant le Soleil.

Je suis la source des clartés,
Et les astres les plus vantés
Dont le beau cercle m'environne,
Ne sont brillants et respectés
Que par l'éclat que je leur donne.
Du char où je me puis asseoir
Je vois le désir de me voir
Posséder la nature entière,
Et le monde n'a son espoir
Qu'aux seuls bienfaits de ma lumière.
Bienheureuses de toutes parts,
Et pleines d'exquises richesses
Les terres où de mes regards
J'arrête les douces caresses.



POUR M. LE GRAND, suivant d'Apollon.

Bien qu'auprès du soleil tout autre éclat s'efface,
S'en éloigner pourtant n'est pas ce que l'on veut,
Et vous voyez bien, quoi qu'il fasse
Que l'on s'en tient toujours le plus près que l'on peut.

POUR LE MARQUIS DE VILLEROI, suivant d'Apollon.

De notre maître incomparable
Vous me voyez inséparable,
Et le zèle puissant qui m'attache à ses vœux
Le suit parmi les eaux, le suit parmi les feux.

POUR LE MARQUIS DE RASSENT, suivant d'Apollon.

Je ne serai pas vain quand je ne croirai pas
Qu'un autre mieux que moi suive partout ses pas.