Sganarelle ou le cocu imaginaire » Acte 1 » SCÈNE V
LA FEMME DE SGANARELLE, seule. Il s'est subitement éloigné de ces lieux,Et sa fuite a trompé mon désir curieux. 125 Mais de sa trahison je ne fais plus de doute*,Et le peu que j'ai vu me la découvre toute.Je ne m'étonne plus de l'étrange froideurDont je le vois répondre à ma pudique ardeur,Il réserve, l'ingrat, ses caresses à d'autres, 130 Et nourrit leurs plaisirs par le jeûne des nôtres.Voilà de nos maris, le procédé commun,Ce qui leur est permis, leur devient importun,Dans les commencements ce sont toutes merveillesIls témoignent pour nous des ardeurs non pareilles; 135 Mais les traîtres bientôt se lassent de nos feux,Et portent autre part ce qu'ils doivent chez eux.Ah! que j'ai de dépit, que la loi n'autoriseÀ changer de mari comme on fait de chemise:Cela serait commode, et j'en sais telle ici 140 Qui comme moi ma foi le voudrait bien aussi.(En ramassant le portrait que Célie avait laissé tomber.) Mais quel est ce bijou que le sort me présente,L'émail en est fort beau, la gravure charmante,Ouvrons.
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