Monsieur de Pourceaugnac » Acte 2 » SCÈNE III
SBRIGANI, en marchand flamand, ORONTE.SBRIGANI.- Montsir, avec le fostre permission, je suisse un trancher* marchand flamane, qui foudrait bienne fous temandair un petit nouvel.ORONTE.- Quoi, Monsieur?SBRIGANI.- Mettez le fostre chapeau sur le teste, Montsir, si ve plaist.ORONTE.- Dites-moi, Monsieur, ce que vous voulez.SBRIGANI.- Moi le dire rien, Montsir, si fous le mettre pas le chapeau sur le teste.ORONTE.- Soit. Qu'y a-t-il, Monsieur?SBRIGANI.- Fous connaistre point en sti file un certe Montsir Oronte?ORONTE.- Oui, je le connais.SBRIGANI.- Et quel homme est-ile, Montsir, si ve plaist?ORONTE.- C'est un homme comme les autres.SBRIGANI.- Je vous temande, Montsir, s'il est un homme riche qui a du bienne?ORONTE.- Oui.SBRIGANI.- Mais riche beaucoup grandement, Montsir?ORONTE.- Oui.SBRIGANI.- J'en suis aise beaucoup, Montsir.ORONTE.- Mais pourquoi cela?SBRIGANI.- L'est, Montsir, pour un petit raisonne de conséquence pour nous.ORONTE.- Mais encore, pourquoi?SBRIGANI.- L'est, Montsir, que sti Montsir Oronte donne son fille en mariage à un certe Montsir de Pourcegnac.ORONTE.- Hé bien.SBRIGANI.- Et sti Montsir de Pourcegnac, Montsir, l'est un homme que doivre beaucoup grandement à dix ou douze marchanne flamane qui estre venu ici.ORONTE.- Ce Monsieur de Pourceaugnac doit beaucoup à dix ou douze marchands?SBRIGANI.- Oui, Montsir; et depuis huite mois, nous afoir obtenir un petit sentence contre lui, et lui à remettre à payer tou ce créanciers de sti mariage* que sti Montsir Oronte donne pour son fille.ORONTE.- Hon, hon, il a remis là à payer ses créanciers?SBRIGANI.- Oui, Montsir, et avec un grant défotion* nous tous attendre sti mariage.ORONTE.- L'avis n'est pas mauvais. Je vous donne le bonjour.SBRIGANI.- Je remercie, Montsir, de la faveur grande.ORONTE.- Votre très humble valet.SBRIGANI.- Je le suis, Montsir, obliger plus que beaucoup du bon nouvel que Montsir m'avoir donné*.Cela ne va pas mal; quittons notre ajustement de Flamand, pour songer à d'autres machines; et tâchons de semer tant de soupçons et de division entre le beau-père et le gendre, que cela rompe le mariage prétendu. Tous deux également sont propres à gober les hameçons qu'on leur veut tendre; et entre nous autres fourbes de la première classe, nous ne faisons que nous jouer, lorsque nous trouvons un gibier aussi facile que celui-là.
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