Le Tartuffe ou l'Imposteur » Acte 3 » SCÈNE PREMIÈRE
DAMIS, DORINE. DAMIS Que la foudre, sur l'heure, achève mes destins;Qu'on me traite partout, du plus grand des faquins, 825 S'il est aucun respect, ni pouvoir, qui m'arrête,Et si je ne fais pas quelque coup de ma tête. DORINE De grâce, modérez un tel emportement,Votre père n'a fait qu'en parler simplement :On n'exécute pas tout ce qui se propose; 830 Et le chemin est long, du projet à la chose. DAMIS Il faut que de ce fat j'arrête les complots,Et qu'à l'oreille, un peu, je lui dise deux mots. DORINE Ha, tout doux; envers lui, comme envers votre père,Laissez agir les soins de votre belle-mère. 835 Sur l'esprit de Tartuffe, elle a quelque crédit;Il se rend complaisant à tout ce qu'elle dit,Et pourrait bien avoir douceur de cœur pour elle.Plût à Dieu qu'il fût vrai! la chose serait belle.Enfin votre intérêt l'oblige à le mander; 840 Sur l'hymen qui vous trouble, elle veut le sonder,Savoir ses sentiments, et lui faire connaîtreQuels fâcheux démêlés il pourra faire naître;S'il faut qu'à ce dessein il prête quelque espoir*.Son valet dit qu'il prie, et je n'ai pu le voir: 845 Mais ce valet m'a dit qu'il s'en allait descendre.Sortez donc, je vous prie, et me laissez l'attendre. DAMIS Je puis être présent à tout cet entretien. DORINE Point, il faut qu'ils soient seuls. DAMIS Je ne lui dirai rien. DORINE Vous vous moquez; on sait vos transports ordinaires, 850 Et c'est le vrai moyen de gâter les affaires.Sortez. DAMIS Non, je veux voir, sans me mettre en courroux. DORINE Que vous êtes fâcheux! Il vient, retirez-vous.
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