Le Sicilien ou l'Amour peintre » Acte » SCÈNE IV
DOM PÈDRE, ADRASTE, HALI.DOM PÈDRE, sortant en bonnet de nuit, et robe de chambre, avec une épée sous son bras.- Il y a quelque temps que j'entends chanter à ma porte; et, sans doute, cela ne se fait pas pour rien. Il faut que, dans l'obscurité, je tâche à découvrir quelles gens ce peuvent être.ADRASTE.- Hali?HALI.- Quoi?ADRASTE.- N'entends-tu plus rien?HALI.- Non.Dom Pèdre est derrière eux, qui les écoute.ADRASTE.- Quoi! tous nos efforts ne pourront obtenir que je parle un moment à cette aimable Grecque? Et ce jaloux maudit, ce traître de Sicilien, me fermera, toujours, tout accès auprès d'elle?HALI.- Je voudrais, de bon cœur, que le diable l'eût emporté, pour la fatigue qu'il nous donne; le fâcheux, le bourreau qu'il est. Ah! si nous le tenions ici, que je prendrais de joie à venger sur son dos, tous les pas inutiles que sa jalousie nous fait faire!ADRASTE.- Si faut-il bien, pourtant*, trouver quelque moyen, quelque invention, quelque ruse, pour attraper notre brutal; j'y suis trop engagé pour en avoir le démenti; et quand j'y devrais employer...HALI.- Monsieur, je ne sais pas ce que cela veut dire. Mais la porte est ouverte; et, si vous le voulez, j'entrerai doucement, pour découvrir d'où cela vient.Dom Pèdre se retire sur sa porte.ADRASTE.- Oui, fais, mais sans faire de bruit; je ne m'éloigne pas de toi. Plût au Ciel, que ce fût la charmante Isidore!DOM PÈDRE, lui donnant sur la joue.- Qui va là?HALI, lui en faisant de même.- Ami.DOM PÈDRE.- Holà, Francisque, Dominique, Simon, Martin, Pierre, Thomas, Georges, Charles, Barthélemy; allons, promptement, mon épée, ma rondache, ma hallebarde, mes pistolets, mes mousquetons, mes fusils; vite, dépêchez; allons, tue, point de quartier.
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