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Actes de l'oeuvre
L'Impromptu de Versailles :

¤Acte 1
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
ºSCÈNE VIII
ºSCÈNE IX
ºSCÈNE X
ºSCÈNE XI
 
 

 

L'Impromptu de Versailles » Acte 1 » SCÈNE III

MOLIÈRE, LA GRANGE, ETC.

MOLIÈRE.- Ah! que le monde est plein d'impertinents! Or sus commençons. Figurez-vous donc premièrement que la scène est dans l'antichambre du Roi, car c'est un lieu où il se passe tous les jours des choses assez plaisantes. Il est aisé de faire venir là toutes les personnes qu'on veut, et on peut trouver des raisons même pour y autoriser la venue des femmes que j'introduis. La comédie s'ouvre par deux marquis qui se rencontrent. Souvenez-vous bien, vous de venir comme je vous ai dit, là avec cet air qu'on nomme le bel air, peignant votre perruque, et grondant une petite chanson entre vos dents. La, la, la, la, la, la. Rangez-vous donc vous autres, car il faut du terrain à deux marquis, et ils ne sont pas gens à tenir leur personne dans un petit espace, allons, parlez.

LA GRANGE.- "Bonjour, Marquis."

MOLIÈRE.- Mon Dieu, ce n'est point là le ton d'un marquis, il faut le prendre un peu plus haut, et la plupart de ces messieurs affectent une manière de parler particulière pour se distinguer du commun. "Bonjour Marquis", recommencez donc.

LA GRANGE.- "Bonjour Marquis.

MOLIÈRE.- "Ah! Marquis, ton serviteur.

LA GRANGE.- "Que fais-tu là?

MOLIÈRE.- "Parbleu tu vois, j'attends que tous ces messieurs aient débouché la porte pour présenter là mon visage.

LA GRANGE.- "Têtebleu quelle foule, je n'ai garde de m'y aller frotter, et j'aime bien mieux entrer des derniers.

MOLIÈRE.- "Il y a là vingt gens qui sont fort assurés de n'entrer point, et qui ne laissent pas de se presser, et d'occuper toutes les avenues de la porte.

LA GRANGE.- "Crions nos deux noms à l'huissier, afin qu'il nous appelle.

MOLIÈRE.- "Cela est bon pour toi, mais pour moi je ne veux pas être joué par Molière.

LA GRANGE.- "Je pense pourtant, Marquis, que c'est toi qu'il joue dans La Critique.

MOLIÈRE.- "Moi? Je suis ton valet, c'est toi-même en propre personne.

LA GRANGE.- "Ah! ma foi, tu es bon de m'appliquer ton personnage.

MOLIÈRE.- "Parbleu, je te trouve plaisant de me donner ce qui t'appartient.

LA GRANGE.- "Ha, ha, ha, cela est drôle.

MOLIÈRE.- "Ha, ha, ha, cela est bouffon.

LA GRANGE.- "Quoi! tu veux soutenir que ce n'est pas toi qu'on joue dans le marquis de La Critique.

MOLIÈRE.- "Il est vrai c'est moi. Détestable, morbleu, détestable! Tarte à la crème. C'est moi, c'est moi, assurément, c'est moi.

LA GRANGE.- "Oui, parbleu c'est toi, tu n'as que faire de railler; et si tu veux, nous gagerons, et verrons qui a raison des deux.

MOLIÈRE.- "Et que veux-tu gager encore?

LA GRANGE.- "Je gage cent pistoles que c'est toi.

MOLIÈRE.- "Et moi cent pistoles que c'est toi.

LA GRANGE.- "Cent pistoles comptant?

MOLIÈRE.- "Comptant. Quatre-vingt-dix pistoles sur Amyntas*, et dix pistoles comptant.

LA GRANGE.- "Je le veux.

MOLIÈRE.- "Cela est fait.

LA GRANGE.- "Ton argent court grand risque.

MOLIÈRE.- "Le tien est bien aventuré.

LA GRANGE.- "À qui nous en rapporter?

MOLIÈRE.- "Voici un homme qui nous jugera. Chevalier.