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Actes de l'oeuvre
La Critique de L'École des femmes :

¤Acte 1
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
 
 

 

La Critique de L'École des femmes » Acte 1 » SCÈNE II

GALOPIN, URANIE, ÉLISE.

GALOPIN.- Voilà Climène, Madame, qui vient ici pour vous voir.

URANIE.- Eh mon Dieu! quelle visite.

ÉLISE.- Vous vous plaigniez d'être seule, aussi*: le Ciel vous en punit.

URANIE.- Vite, qu'on aille dire que je n'y suis pas.

GALOPIN.- On a déjà dit que vous y étiez.

URANIE.- Et qui est le sot, qui l'a dit?

GALOPIN.- Moi, Madame.

URANIE.- Diantre soit le petit vilain. Je vous apprendrai bien à faire vos réponses de vous-même.

GALOPIN.- Je vais lui dire, Madame, que vous voulez être sortie.

URANIE.- Arrêtez, animal, et la laissez monter, puisque la sottise est faite.

GALOPIN.- Elle parle encore à un homme dans la rue.

URANIE.- Ah! cousine, que cette visite m'embarrasse à l'heure qu'il est.

ÉLISE.- Il est vrai que la dame est un peu embarrassante de son naturel: j'ai toujours eu pour elle une furieuse aversion; et, n'en déplaise à sa qualité, c'est la plus sotte bête qui se soit jamais mêlée de raisonner.

URANIE.- L'épithète est un peu forte.

ÉLISE.- Allez, allez, elle mérite bien cela, et quelque chose de plus, si on lui faisait justice. Est-ce qu'il y a une personne qui soit plus véritablement qu'elle, ce qu'on appelle précieuse, à prendre le mot dans sa plus mauvaise signification.

URANIE.- Elle se défend bien de ce nom, pourtant.

ÉLISE.- Il est vrai, elle se défend du nom, mais non pas de la chose: car enfin elle l'est depuis les pieds jusqu'à la tête*, et la plus grande façonnière du monde. Il semble que tout son corps soit démonté, et que les mouvements de ses hanches, de ses épaules, et de sa tête, n'aillent que par ressorts. Elle affecte toujours un ton de voix languissant, et niais, fait la moue, pour montrer une petite bouche, et roule les yeux, pour les faire paraître grands.

URANIE.- Doucement donc, si elle venait à entendre...

ÉLISE.- Point, point, elle ne monte pas encore. Je me souviens toujours du soir qu'elle eut envie de voir Damon, sur la réputation qu'on lui donne, et les choses que le public a vues de lui. Vous connaissez l'homme, et sa naturelle paresse à soutenir la conversation. Elle l'avait invité à souper, comme bel esprit, et jamais il ne parut si sot, parmi une demi-douzaine de gens, à qui elle avait fait fête de lui, et qui le regardaient avec de grands yeux, comme une personne qui ne devait pas être faite comme les autres. Ils pensaient tous qu'il était là pour défrayer* la compagnie de bons mots; que chaque parole qui sortait de sa bouche devait être extraordinaire; qu'il devait faire des impromptus sur tout ce qu'on disait, et ne demander à boire qu'avec une pointe. Mais il les trompa fort par son silence; et la dame fut aussi mal satisfaite de lui, que je le fus d'elle.

URANIE.- Tais-toi; je vais la recevoir à la porte de la chambre.

ÉLISE.- Encore un mot. Je voudrais bien la voir mariée avec le marquis, dont nous avons parlé. Le bel assemblage que ce serait d'une précieuse, et d'un turlupin!

URANIE.- Veux-tu te taire; la voici.