L'Amour Médecin » Acte 2 » SCÈNE PREMIERE
SGANARELLE, LISETTE.LISETTE.- Que voulez-vous donc faire, Monsieur, de quatre médecins? N'est-ce pas assez d'un pour tuer une personne?SGANARELLE.- Taisez-vous. Quatre conseils valent mieux qu'un.LISETTE.- Est-ce que votre fille ne peut pas bien mourir, sans le secours de ces messieurs-là?SGANARELLE.- Est-ce que les médecins font mourir?LISETTE.- Sans doute*: et j'ai connu un homme qui prouvait, par bonnes raisons, qu'il ne faut jamais dire: "Une telle personne est morte d'une fièvre et d'une fluxion sur la poitrine": mais "Elle est morte de quatre médecins, et de deux apothicaires*."SGANARELLE.- Chut, n'offensez pas ces messieurs-là.LISETTE.- Ma foi, Monsieur, notre chat est réchappé depuis peu, d'un saut qu'il fit du haut de la maison dans la rue, et il fut trois jours sans manger, et sans pouvoir remuer ni pied ni patte; mais il est bien heureux de ce qu'il n'y a point de chats médecins: car ses affaires étaient faites, et ils n'auraient pas manqué de le purger, et de le saigner.SGANARELLE.- Voulez-vous vous taire? vous dis-je; mais voyez quelle impertinence. Les voici.LISETTE.- Prenez garde, vous allez être bien édifié, ils vous diront en latin que votre fille est malade.
|