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Actes de l'oeuvre
Le médecin malgré lui :

¤Acte 1
¤Acte 2
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
¤Acte 3
 
 

 

Le médecin malgré lui » Acte 2 » SCÈNE PREMIÈRE

GÉRONTE, VALÈRE, LUCAS, JACQUELINE.

VALÈRE.- Oui, Monsieur, je crois que vous serez satisfait: et nous vous avons amené le plus grand médecin du monde.

LUCAS.- Oh morguenne, il faut tirer l'échelle après ceti-là: et tous les autres, ne sont pas daignes de li déchausser ses souillez.

VALÈRE.- C'est un homme qui a fait des cures merveilleuses.

LUCAS.- Qui a gari des gens qui estiant morts.

VALÈRE.- Il est un peu capricieux, comme je vous ai dit: et parfois, il a des moments où son esprit s'échappe, et ne paraît pas ce qu'il est.

LUCAS.- Oui, il aime à bouffonner, et l'an dirait par fois, ne v's en déplaise qu'il a quelque petit coup de hache à la tête.

VALÈRE.- Mais dans le fond, il est toute science: et bien souvent, il dit des choses tout à fait relevées.

LUCAS.- Quand il s'y boute, il parle tout fin drait, comme s'il lisait dans un livre.

VALÈRE.- Sa réputation s'est déjà répandue ici: et tout le monde vient à lui.

GÉRONTE.- Je meurs d'envie de le voir, faites-le-moi vite venir.

VALÈRE.- Je le vais quérir.

JACQUELINE.- Par ma fi, Monsieu, ceti-ci fera justement ce qu'ant fait les autres. Je pense que ce sera queussi queumi: et la meilleure médeçaine, que l'an pourrait bailler à votre fille, ce serait, selon moi, un biau et bon mari, pour qui elle eût de l'amiquié.

GÉRONTE.- Ouais, nourrice, ma mie, vous vous mêlez de bien des choses.

LUCAS.- Taisez-vous, notre ménagère Jaquelaine: ce n'est pas à vous, à bouter là votre nez.

JACQUELINE.- Je vous dis et vous douze, que tous ces médecins n'y feront rian que de l'iau claire, que votre fille a besoin d'autre chose, que de ribarbe, et de sené, et qu'un mari est un emplâtre qui garit tous les maux des filles.

GÉRONTE.- Est-elle en état, maintenant, qu'on s'en voulût charger, avec l'infirmité qu'elle a? Et lorsque j'ai été dans le dessein de la marier, ne s'est-elle pas opposée à mes volontés?

JACQUELINE.- Je le crois bian, vous li vouilliez bailler cun homme(*) qu'alle n'aime point. Que ne preniais-vous ce Monsieu Liandre, qui li touchait au cœur? Alle aurait été fort obéissante: et je m'en vas gager qu'il la prendrait li, comme alle est, si vous la li vouillais donner.

GÉRONTE.- Ce Léandre n'est pas ce qu'il lui faut: il n'a pas du bien comme l'autre.

JACQUELINE.- Il a un oncle qui est si riche, dont il est hériquié.

GÉRONTE.- Tous ces biens à venir, me semblent autant de chansons. Il n'est rien tel que ce qu'on tient: et l'on court grand risque de s'abuser, lorsque l'on compte sur le bien qu'un autre vous garde. La mort n'a pas toujours les oreilles ouvertes aux vœux et aux prières de Messieurs les héritiers: et l'on a le temps d'avoir les dents longues, lorsqu'on attend, pour vivre, le trépas de quelqu'un.

JACQUELINE.- Enfin, j'ai, toujours, ouï dire, qu'en mariage, comme ailleurs, contentement passe richesse. Les pères et les mères ant cette maudite couteume, de demander toujours, "Qu'a-t-il?" et: "Qu'a-t-elle?" et le compère Biarre(*), a marié sa fille Simonette, au gros Thomas, pour un quarquié de vaigne qu'il avait davantage que le jeune Robin, où alle avait bouté son amiquié: et velà que la pauvre creiature en est devenue jaune comme un coing, et n'a point profité tout depuis ce temps-là. C'est un bel exemple pour vous, Monsieu; on n'a que son plaisir en ce monde: et j'aimerais mieux, bailler à ma fille, eun bon mari qui li fût agriable, que toutes les rentes de la Biausse.

GÉRONTE.- Peste! Madame la nourrice, comme vous dégoisez! Taisez-vous, je vous prie, vous prenez trop de soin, et vous échauffez votre lait.

LUCAS. En disant ceci, il frappe sur la poitrine à GéronteHREF=javascript:notes('60') CLASS=varlink>(*).- Morgué, tais-toi, T'es cune impartinante(*). Monsieu n'a que faire de tes discours, et il sait ce qu'il a à faire. Mêle-toi de donner à téter à ton enfant, sans tant faire la raisonneuse. Monsieu est le père de sa fille; et il est bon et sage, pour voir ce qu'il faut.

GÉRONTE.- Tout doux, oh, tout doux.

LUCAS.- Monsieu, je veux un peu la mortifier: et li apprendre le respect qu'alle vous doit.

GÉRONTE.- Oui, mais ces gestes ne sont pas nécessaires.