Les amants magnifiques » Acte I » SCÈNE V
ÉRIPHILE, CLÉONICE.CLÉONICE. - On trouvera étrange, Madame, que vous vous soyez ainsi écartée de tout le monde.ÉRIPHILE. - Ah! qu'aux personnes comme nous qui sommes toujours accablées de tant de gens, un peu de solitude est parfois agréable, et qu'après mille impertinents entretiens, il est doux de s'entretenir avec ses pensées. Qu'on me laisse ici promener toute seule.CLÉONICE. - Ne voudriez-vous pas, Madame, voir un petit essai de la disposition* de ces gens admirables qui veulent se donner à vous? Ce sont des personnes, qui par leurs pas, leurs gestes, et leurs mouvements, expriment aux yeux toutes choses; et on appelle cela pantomimes. J'ai tremblé à vous dire ce mot, et il y a des gens dans votre cour qui ne me le pardonneraient pas.ÉRIPHILE. - Vous avez bien la mine, Cléonice, de me venir ici régaler d'un mauvais divertissement; car grâce au Ciel vous ne manquez pas de vouloir produire indifféremment tout ce qui se présente à vous, et vous avez une affabilité qui ne rejette rien. Aussi est-ce à vous seule qu'on voit avoir recours, toutes les muses nécessitantes; vous êtes la grande protectrice du mérite incommodé, et tout ce qu'il y a de vertueux indigents au monde va débarquer chez vous.CLÉONICE. - Si vous n'avez pas envie de les voir, Madame, il ne faut que les laisser là.ÉRIPHILE. - Non, non, voyons-les, faites-les venir.CLÉONICE. - Mais peut-être, Madame, que leur danse sera méchante.ÉRIPHILE. - Méchante, ou non, il la faut voir; ce ne serait avec vous que reculer la chose, et il vaut mieux en être quitte.CLÉONICE. - Ce ne sera ici, Madame, qu'une danse ordinaire; une autre fois...ÉRIPHILE. - Point de préambule, Cléonice, qu'ils dansent.Fin du premier acteSECOND INTERMÈDELa confidente de la jeune princesse lui produit trois danseurs, sous le nom de pantomimes; c'est-à-dire qui expriment par leurs gestes toutes sortes de choses. La princesse les voit danser, et les reçoit à son service.ENTRÉE DE BALLET de trois Pantomimes.Retour
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