Les amants magnifiques » Acte V » SCÈNE II
ARISTIONE, SOSTRATE, ÉRIPHILE, CLITIDAS.ARISTIONE. - Je vois, ma fille, que vous savez déjà tout ce que nous pourrions vous dire. Vous voyez que les Dieux se sont expliqués bien plus tôt que nous n'eussions pensé; mon péril n'a guère tardé à nous marquer leurs volontés, et l'on connaît assez que ce sont eux qui se sont mêlés de ce choix, puisque le mérite tout seul brille dans cette préférence. Aurez-vous quelque répugnance à récompenser de votre cœur, celui à qui je dois la vie, et refuserez-vous Sostrate pour époux?ÉRIPHILE. - Et de la main des Dieux, et de la vôtre, Madame, je ne puis rien recevoir qui ne me soit fort agréable.SOSTRATE. - Ciel! n'est-ce point ici quelque songe, tout plein de gloire, dont les Dieux me veuillent flatter, et quelque réveil malheureux ne me replongera-t-il point dans la bassesse de ma fortune?SCÈNE IIICLÉONICE, ARISTIONE, SOSTRATE, ÉRIPHILE, CLITIDAS.CLÉONICE. - Madame, je viens vous dire qu'Anaxarque a jusqu'ici abusé, l'un et l'autre prince, par l'espérance de ce choix qu'ils poursuivent depuis longtemps, et qu'au bruit qui s'est répandu de votre aventure, ils ont fait éclater tous deux leur ressentiment contre lui, jusque-là que, de paroles en paroles, les choses se sont échauffées, et il en a reçu quelques blessures dont on ne sait pas bien ce qui arrivera. Mais les voici.
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