L'Amour Médecin » Acte 2 » SCÈNE IV
SGANARELLE, MESSIEURS TOMÈS, DES FONANDRÈS, MACROTON ET BAHYS.SGANARELLE.- Messieurs, l'oppression de ma fille augmente, je vous prie de me dire vite ce que vous avez résolu.M. TOMÈS.- Allons, Monsieur.M. DES FONANDRÈS.- Non, Monsieur, parlez, s'il vous plaît.M. TOMÈS.- Vous vous moquez.M. DES FONANDRÈS.- Je ne parlerai pas le premier.M. TOMÈS.- Monsieur.M. DES FONANDRÈS.- Monsieur.SGANARELLE.- Hé, de grâce, Messieurs, laissez toutes ces cérémonies, et songez que les choses pressent.M. TOMÈS. Ils parlent tous quatre ensemble.- La maladie de votre fille...M. DES FONANDRÈS.- L'avis de tous ces messieurs tous ensemble...M. MACROTON.- Après avoir bien consulté...M. BAHYS.- Pour raisonner...SGANARELLE.- Hé, Messieurs, parlez l'un après l'autre, de grâce.M. TOMÈS.- Monsieur, nous avons raisonné sur la maladie de votre fille; et mon avis, à moi, est que cela procède d'une grande chaleur de sang: ainsi je conclus à la saigner le plus tôt que vous pourrez.M. DES FONANDRÈS.- Et moi, je dis que sa maladie est une pourriture d'humeurs, causée par une trop grande réplétion: ainsi je conclus à lui donner de l'émétique.M. TOMÈS.- Je soutiens que l'émétique la tuera.M. DES FONANDRÈS.- Et moi, que la saignée la fera mourir.M. TOMÈS.- C'est bien à vous de faire l'habile homme.M. DES FONANDRÈS.- Oui, c'est à moi, et je vous prêterai le collet* en tout genre d'érudition.M. TOMÈS.- Souvenez-vous de l'homme que vous fîtes crever ces jours passés.M. DES FONANDRÈS.- Souvenez-vous de la dame que vous avez envoyée en l'autre monde, il y a trois jours.M. TOMÈS.- Je vous ai dit mon avis.M. DES FONANDRÈS.- Je vous ai dit ma pensée.M. TOMÈS.- Si vous ne faites saigner tout à l'heure* votre fille, c'est une personne morte. (Il sort.)M. DES FONANDRÈS.- Si vous la faites saigner, elle ne sera pas en vie dans un quart d'heure. (Il sort.)
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