Le bourgeois gentilhomme » Acte 5 » SCÈNE V
LUCILE, MONSIEUR JOURDAIN, DORANTE, DORIMÈNE, etc.MONSIEUR JOURDAIN.- Venez, ma fille, approchez-vous, et venez donner votre main à Monsieur, qui vous fait l'honneur de vous demander en mariage.LUCILE.- Comment, mon père, comme vous voilà fait! Est-ce une comédie que vous jouez?MONSIEUR JOURDAIN.- Non, non, ce n'est pas une comédie, c'est une affaire fort sérieuse, et la plus pleine d'honneur pour vous qui se peut souhaiter. Voilà le mari que je vous donne.LUCILE.- À moi, mon père!MONSIEUR JOURDAIN.- Oui à vous, allons, touchez-lui dans la main*, et rendez grâce au Ciel de votre bonheur.LUCILE.- Je ne veux point me marier.MONSIEUR JOURDAIN.- Je le veux moi, qui suis votre père.LUCILE.- Je n'en ferai rien.MONSIEUR JOURDAIN.- Ah que de bruit. Allons, vous dis-je. Çà votre main.LUCILE.- Non, mon père, je vous l'ai dit, il n'est point de pouvoir qui me puisse obliger à prendre un autre mari que Cléonte; et je me résoudrai plutôt à toutes les extrémités, que de... (Reconnaissant Cléonte.) il est vrai que vous êtes mon père, je vous dois entière obéissance; et c'est à vous à disposer de moi selon vos volontés.MONSIEUR JOURDAIN.- Ah je suis ravi de vous voir si promptement revenue dans votre devoir; et voilà qui me plaît, d'avoir une fille obéissante.
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