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Actes de l'oeuvre
Le mariage forcé :

¤Acte 1
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
ºSCÈNE VIII
ºSCÈNE IX
ºSCÈNE X
 
 

 

Le mariage forcé » Acte 1 » SCÈNE VIII

ALCANTOR, SGANARELLE.

ALCANTOR.- Ah! mon gendre, soyez le bienvenu.

SGANARELLE.- Monsieur, votre serviteur.

ALCANTOR.- Vous venez pour conclure le mariage?

SGANARELLE.- Excusez-moi.

ALCANTOR.- Je vous promets que j'en ai autant d'impatience que vous.

SGANARELLE.- Je viens ici pour un autre sujet*.

ALCANTOR.- J'ai donné ordre à toutes les choses nécessaires pour cette fête.

SGANARELLE.- Il n'est pas question de cela.

ALCANTOR.- Les violons sont retenus; le festin est commandé; et ma fille est parée, pour vous recevoir.

SGANARELLE.- Ce n'est pas ce qui m'amène.

ALCANTOR.- Enfin vous allez être satisfait; et rien ne peut retarder votre contentement.

SGANARELLE.- Mon Dieu, c'est autre chose.

ALCANTOR.- Allons, entrez donc, mon gendre.

SGANARELLE.- J'ai un petit mot à vous dire.

ALCANTOR.- Ah! mon Dieu, ne faisons point de cérémonie: entrez vite, s'il vous plaît.

SGANARELLE.- Non, vous dis-je. Je vous veux parler auparavant.

ALCANTOR.- Vous voulez me dire quelque chose?

SGANARELLE.- Oui.

ALCANTOR.- Et quoi?

SGANARELLE.- Seigneur Alcantor, j'ai demandé votre fille en mariage, il est vrai; et vous me l'avez accordée: mais je me trouve un peu avancé en âge pour elle; et je considère que je ne suis point du tout son fait.

ALCANTOR.- Pardonnez-moi. Ma fille vous trouve bien, comme vous êtes; et je suis sûr qu'elle vivra fort contente avec vous.

SGANARELLE.- Point; j'ai parfois des bizarreries épouvantables; et elle aurait trop à souffrir de ma mauvaise humeur.

ALCANTOR.- Ma fille a de la complaisance; et vous verrez qu'elle s'accommodera entièrement à vous.

SGANARELLE.- J'ai quelques infirmités sur mon corps, qui pourraient la dégoûter.

ALCANTOR.- Cela n'est rien. Une honnête femme ne se dégoûte jamais de son mari.

SGANARELLE.- Enfin voulez-vous que je vous dise, je ne vous conseille pas de me la donner*.

ALCANTOR.- Vous moquez-vous? J'aimerais mieux mourir, que d'avoir manqué à ma parole.

SGANARELLE.- Mon Dieu, je vous en dispense, et je...

ALCANTOR.- Point du tout. Je vous l'ai promise; et vous l'aurez en dépit de tous ceux qui y prétendent.

SGANARELLE.- Que diable!

ALCANTOR.- Voyez-vous, j'ai une estime, et une amitié pour vous, toute particulière; et je refuserais ma fille à un prince, pour vous la donner.

SGANARELLE.- Seigneur Alcantor, je vous suis obligé de l'honneur que vous me faites; mais je vous déclare que je ne me veux point marier.

ALCANTOR.- Qui, vous?

SGANARELLE.- Oui, moi.

ALCANTOR.- Et la raison?

SGANARELLE.- La raison; c'est que je ne me sens point propre pour le mariage; et que je veux imiter mon père, et tous ceux de ma race, qui ne se sont jamais voulu marier.

ALCANTOR.- Écoutez, les volontés sont libres; et je suis homme à ne contraindre jamais personne. Vous vous êtes engagé avec moi, pour épouser ma fille; et tout est préparé pour cela. Mais puisque vous voulez retirer votre parole, je vais voir ce qu'il y a à faire; et vous aurez bientôt de mes nouvelles.

SGANARELLE.- Encore est-il plus raisonnable que je ne pensais; et je croyais avoir bien plus de peine à m'en dégager. Ma foi, quand j'y songe, j'ai fait fort sagement, de me tirer de cette affaire; et j'allais faire un pas, dont je me serais peut-être longtemps repenti. Mais voici le fils qui me vient rendre réponse.