Le Dépit Amoureux » Acte V » SCÈNE II
VALÈRE, MASCARILLE. VALÈRE Je n'ai jamais trouvé de jour plus ennuyeux:Le soleil semble s'être oublié dans les cieux, 1505 Et jusqu'au lit qui doit recevoir sa lumière,Je vois rester encore une telle carrière,Que je crois que jamais il ne l'achèvera,Et que de sa lenteur mon âme enragera. MASCARILLE Et cet empressement pour s'en aller dans l'ombre, 1510 Pêcher vite à tâtons quelque sinistre encombre...Vous voyez que Lucile entière en ses rebuts... VALÈRE Ne me fais point ici de contes superflus.Quand j'y devrais trouver cent embûches mortelles*,Je sens de son courroux des gênes trop cruelles; 1515 Et je veux l'adoucir, ou terminer mon sort.C'est un point résolu. MASCARILLE J'approuve ce transport: Mais le mal est, Monsieur, qu'il faudra s'introduireEn cachette. VALÈRE Fort bien. MASCARILLE Et j'ai peur de vous nuire. VALÈRE Et comment ? MASCARILLE Une toux me tourmente à mourir, 1520 Dont le bruit importun vous fera découvrir:De moment en moment... Vous voyez le supplice. VALÈRE Ce mal te passera*, prends du jus de réglisse. MASCARILLE Je ne crois pas, Monsieur, qu'il se veuille passer.Je serais ravi moi de ne vous point laisser; 1525 Mais j'aurais un regret mortel, si j'étais causeQu'il fût à mon cher maître arrivé quelque chose.
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