La Comtesse d'Escarbagnas » Acte 1 » SCÈNE III
CRIQUET, LA COMTESSE, JULIE, ANDRÉE, JEANNOT.CRIQUET.- Voilà Jeannot de Monsieur le Conseiller qui vous demande, Madame.LA COMTESSE.- Hé bien petit coquin, voilà encore de vos âneries; un laquais qui saurait vivre, aurait été parler tout bas à la demoiselle suivante, qui serait venue dire doucement à l'oreille de sa maîtresse: "Madame, voilà le laquais de Monsieur un tel, qui demande à vous dire un mot", à quoi la maîtresse aurait répondu, "Faites-le entrer".CRIQUET.- Entrez, Jeannot.LA COMTESSE.- Autre lourderie. Qu'y a-t-il, laquais? Que portes-tu là?JEANNOT.- C'est Monsieur le Conseiller, Madame, qui vous souhaite le bon jour; et auparavant que de venir, vous envoie des poires de son jardin, avec ce petit mot d'écrit.LA COMTESSE.- C'est du bon-chrétien, qui est fort beau. Andrée, faites porter cela à l'office. Tiens mon enfant, voilà pour boire.JEANNOT.- Oh non, Madame.LA COMTESSE.- Tiens, te dis-je.JEANNOT.- Mon maître m'a défendu, Madame, de rien prendre de vous.LA COMTESSE.- Cela ne fait rien.JEANNOT.- Pardonnez-moi, Madame.CRIQUET.- Hé prenez, Jeannot, si vous n'en voulez pas, vous me le baillerez.LA COMTESSE.- Dis à ton maître que je le remercie.CRIQUET.- Donne-moi donc cela.JEANNOT.- Oui, quelque sot*.CRIQUET.- C'est moi qui te l'ai fait prendre.JEANNOT.- Je l'aurais bien pris sans toi.LA COMTESSE.- Ce qui me plaît de ce Monsieur Tibaudier, c'est qu'il sait vivre avec les personnes de ma qualité, et qu'il est fort respectueux.
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