L'École des maris » Acte 2 » SCÈNE VIII
VALÈRE, SGANARELLE, ERGASTE. VALÈRE Monsieur, qui vous ramène en ce lieu? SGANARELLE Vos sottises. VALÈRE Comment? SGANARELLE 685 Vous savez bien de quoi je veux parler; Je vous croyais plus sage à ne vous rien celer,Vous venez m'amuser de vos belles paroles,Et conservez sous main des espérances folles,Voyez-vous, j'ai voulu doucement vous traiter; 690 Mais vous m'obligerez à la fin d'éclater,N'avez-vous point de honte, étant ce que vous êtes,De faire en votre esprit les projets que vous faites,De prétendre enlever une fille d'honneur*,Et troubler un hymen* qui fait tout son bonheur? VALÈRE 695 Qui vous a dit, Monsieur, cette étrange nouvelle? SGANARELLE Ne dissimulons point, je la tiens d'Isabelle,Qui vous mande par moi, pour la dernière fois,Qu'elle vous a fait voir assez quel est son choix,Que son cœur tout à moi d'un tel projet s'offense, 700 Qu'elle mourrait plutôt, qu'en souffrir l'insolence;Et que vous causerez de terribles éclats,Si vous ne mettez fin à tout cet embarras. VALÈRE S'il est vrai qu'elle ait dit ce que je viens d'entendre,J'avouerai que mes feux n'ont plus rien à prétendre, 705 Par ces mots assez clairs, je vois tout terminé,Et je dois révérer l'arrêt qu'elle a donné. SGANARELLE Si? Vous en doutez donc, et prenez pour des feintes,Tout ce que de sa part je vous ai fait de plaintes?Voulez-vous qu'elle-même elle explique son cœur? 710 J'y consens volontiers pour vous tirer d'erreur,Suivez-moi, vous verrez s'il est rien que j'avance*,Et si son jeune cœur entre nous deux balance.
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