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Actes de l'oeuvre
Le mariage forcé :

¤Acte 1
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
ºSCÈNE VI
ºSCÈNE VII
ºSCÈNE VIII
ºSCÈNE IX
ºSCÈNE X
 
 

 

Le mariage forcé » Acte 1 » SCÈNE IX

ALCIDAS, SGANARELLE.

ALCIDAS, parlant toujours d'un ton doucereux.- Monsieur, je suis votre serviteur très humble.

SGANARELLE.- Monsieur, je suis le vôtre de tout mon cœur.

ALCIDAS.- Mon père, m'a dit, Monsieur, que vous vous étiez venu dégager de la parole que vous aviez donnée.

SGANARELLE.- Oui, Monsieur, c'est avec regret: mais...

ALCIDAS.- Oh! Monsieur, il n'y a pas de mal à cela.

SGANARELLE.- J'en suis fâché, je vous assure; et je souhaiterais...

ALCIDAS.- Cela n'est rien, vous dis-je. (Lui présentant deux épées.) Monsieur, prenez la peine de choisir de ces deux épées, laquelle vous voulez.

SGANARELLE.- De ces deux épées?

ALCIDAS.- Oui, s'il vous plaît.

SGANARELLE.- À quoi bon?

ALCIDAS.- Monsieur, comme vous refusez d'épouser ma sœur, après la parole donnée; je crois que vous ne trouverez pas mauvais le petit compliment, que je viens vous faire.

SGANARELLE.- Comment?

ALCIDAS.- D'autres gens feraient du bruit*, et s'emporteraient contre vous: mais nous sommes personnes à traiter les choses dans la douceur; et je viens vous dire civilement, qu'il faut, si vous le trouvez bon, que nous nous coupions la gorge ensemble.

SGANARELLE.- Voilà un compliment fort mal tourné.

ALCIDAS.- Allons, Monsieur, choisissez, je vous prie.

SGANARELLE.- Je suis votre valet: je n'ai point de gorge à me couper. La vilaine façon de parler que voilà!

ALCIDAS.- Monsieur, il faut que cela soit, s'il vous plaît.

SGANARELLE.- Eh! Monsieur, rengainez ce compliment, je vous prie.

ALCIDAS.- Dépêchons vite, Monsieur. J'ai une petite affaire qui m'attend.

SGANARELLE.- Je ne veux point de cela, vous dis-je.

ALCIDAS.- Vous ne voulez pas vous battre?

SGANARELLE.- Nenni, ma foi.

ALCIDAS.- Tout de bon?

SGANARELLE.- Tout de bon.

ALCIDAS*.- Au moins, Monsieur, vous n'avez pas lieu de vous plaindre; et vous voyez que je fais les choses dans l'ordre. Vous nous manquez de parole: je me veux battre contre vous, vous refusez de vous battre: je vous donne des coups de bâton, tout cela est dans les formes; et vous êtes trop honnête homme, pour ne pas approuver mon procédé.

SGANARELLE.- Quel diable d'homme est-ce ci?

ALCIDAS*.- Allons, Monsieur, faites les choses galamment, et sans vous faire tirer l'oreille.

SGANARELLE.- Encore!

ALCIDAS.- Monsieur, je ne contrains personne; mais il faut que vous vous battiez, ou que vous épousiez ma sœur.

SGANARELLE.- Monsieur, je ne puis faire ni l'un, ni l'autre, je vous assure.

ALCIDAS.- Assurément?

SGANARELLE.- Assurément.

ALCIDAS*.- Avec votre permission donc...

SGANARELLE.- Ah! ah! ah! ah!

ALCIDAS.- Monsieur, j'ai tous les regrets du monde d'être obligé d'en user ainsi avec vous; mais je ne cesserai point, s'il vous plaît, que vous n'ayez promis de vous battre, ou d'épouser ma sœur*.

SGANARELLE.- Hé bien! j'épouserai, j'épouserai...

ALCIDAS.- Ah! Monsieur, je suis ravi que vous vous mettiez à la raison; et que les choses se passent doucement: car enfin vous êtes l'homme du monde, que j'estime le plus, je vous jure; et j'aurais été au désespoir, que vous m'eussiez contraint à vous maltraiter. Je vais appeler mon père, pour lui dire que tout est d'accord.