La Critique de L'École des femmes » Acte 1 » SCÈNE IV
LE MARQUIS, CLIMÈNE, GALOPIN, URANIE, ÉLISE.GALOPIN.- Arrêtez, s'il vous plaît, Monsieur.LE MARQUIS.- Tu ne me connais pas, sans doute.GALOPIN.- Si fait, je vous connais; mais vous n'entrerez pas.LE MARQUIS.- Ah que de bruit, petit laquais!GALOPIN.- Cela n'est pas bien de vouloir entrer malgré les gens.LE MARQUIS.- Je veux voir ta maîtresse.GALOPIN.- Elle n'y est pas, vous dis-je.LE MARQUIS.- La voilà dans la chambre*.GALOPIN.- Il est vrai, la voilà; mais elle n'y est pas.URANIE.- Qu'est-ce donc qu'il y a là?LE MARQUIS.- C'est votre laquais, Madame, qui fait le sot.GALOPIN.- Je lui dis que vous n'y êtes pas, Madame, et il ne veut pas laisser d'entrer.URANIE.- Et pourquoi dire à Monsieur que je n'y suis pas?GALOPIN.- Vous me grondâtes l'autre jour, de lui avoir dit que vous y étiez.URANIE.- Voyez cet insolent! Je vous prie, Monsieur, de ne pas croire ce qu'il dit: c'est un petit écervelé, qui vous a pris pour un autre.LE MARQUIS.- Je l'ai bien vu, Madame, et sans votre respect, je lui aurais appris à connaître les gens de qualité.ÉLISE.- Ma cousine vous est fort obligée de cette déférence.URANIE.- Un siège donc, impertinent.GALOPIN.- N'en voilà-t-il pas un?URANIE.- Approchez-le*. Le petit laquais pousse le siège rudement.LE MARQUIS.- Votre petit laquais, Madame, a du mépris pour ma personne.ÉLISE.- Il aurait tort, sans doute.LE MARQUIS.- C'est peut-être que je paye l'intérêt de ma mauvaise mine: hay, hay, hay, hay.ÉLISE.- L'âge le rendra plus éclairé en honnêtes gens.LE MARQUIS.- Sur quoi en étiez-vous, Mesdames, lorsque je vous ai interrompues?URANIE.- Sur la comédie de L'École des femmes.LE MARQUIS.- Je ne fais que d'en sortir.CLIMÈNE.- Eh bien, Monsieur, comment la trouvez-vous, s'il vous plaît?LE MARQUIS.- Tout à fait impertinente.CLIMÈNE.- Ah que j'en suis ravie!LE MARQUIS.- C'est la plus méchante chose du monde. Comment, diable! à peine ai-je pu trouver place. J'ai pensé être étouffé à la porte; et jamais on ne m'a tant marché sur les pieds. Voyez comme mes canons, et mes rubans en sont ajustés, de grâce.ÉLISE.- Il est vrai que cela crie vengeance contre L'École des femmes, et que vous la condamnez avec justice.LE MARQUIS.- Il ne s'est jamais fait, je pense, une si méchante comédie.URANIE.- Ah! voici Dorante que nous attendions.
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