Psyché » Acte 5 » SCÈNE IV
L'AMOUR, PSYCHÉ évanouie. L'AMOUR Votre péril, Psyché, dissipe ma colère,Ou plutôt de mes feux l'ardeur n'a point cessé,Et bien qu'au dernier point vous m'ayez su déplaire,Je ne me suis intéressé 1835 Que contre celle de ma mère.J'ai vu tous vos travaux, j'ai suivi vos malheurs,Mes soupirs ont partout accompagné vos pleurs;Tournez les yeux vers moi, je suis encor le même.Quoi? je dis et redis tout haut que je vous aime, 1840 Et vous ne dites point, Psyché, que vous m'aimez!Est-ce que pour jamais vos beaux yeux sont fermés?Qu'à jamais la clarté leur vient d'être ravie?Ô mort, devais-tu prendre un dard si criminel,Et sans aucun respect pour mon être éternel 1845 Attenter à ma propre vie?Combien de fois, ingrate Déité,Ai-je grossi ton noir empire,Par les mépris et par la cruautéD'une orgueilleuse ou farouche beauté? 1850 Combien même, s'il le faut dire,T'ai-je immolé de fidèles amantsÀ force de ravissements?Va, je ne blesserai plus d'âmes,Je ne percerai plus de cœurs, 1855 Qu'avec des dards trempés aux divines liqueursQui nourrissent du Ciel les immortelles flammes,Et n'en lancerai plus que pour faire à tes yeuxAutant d'amants, autant de Dieux.Et vous, impitoyable mère, 1860 Qui la forcez à m'arracherTout ce que j'avais de plus cher,Craignez à votre tour l'effet de ma colère.Vous me voulez faire la loi,Vous qu'on voit si souvent la recevoir de moi! 1865 Vous qui portez un cœur sensible comme un autre,Vous enviez au mien les délices du vôtre!Mais dans ce même cœur j'enfoncerai des coups,Qui ne seront suivis que de chagrins jaloux;Je vous accablerai de honteuses surprises, 1870 Et choisirai partout à vos vœux les plus douxDes Adonis et des Anchises,Qui n'auront que haine pour vous.
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