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Actes de l'oeuvre
L'Avare :

¤Acte 1
¤Acte 2
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
¤Acte 3
¤Acte 4
¤Acte 5
 
 

 

L'Avare » Acte 2 » SCÈNE II

MAÎTRE SIMON, HARPAGON, CLÉANTE, LA FLÈCHE.

MAÎTRE SIMON.- Oui, Monsieur, c'est un jeune homme qui a besoin d'argent. Ses affaires le pressent d'en trouver, et il en passera par tout ce que vous en prescrirez.

HARPAGON.- Mais croyez-vous, Maître Simon, qu'il n'y ait rien à péricliter*? et savez-vous le nom, les biens, et la famille de celui pour qui vous parlez?

MAÎTRE SIMON.- Non, je ne puis pas bien vous en instruire à fond, et ce n'est que par aventure que l'on m'a adressé à lui; mais vous serez de toutes choses éclairci par lui-même; et son homme m'a assuré, que vous serez content, quand vous le connaîtrez. Tout ce que je saurais vous dire, c'est que sa famille est fort riche, qu'il n'a plus de mère déjà; et qu'il s'obligera*, si vous voulez, que son père mourra avant qu'il soit huit mois.

HARPAGON.- C'est quelque chose que cela. La charité, Maître Simon, nous oblige à faire plaisir aux personnes, lorsque nous le pouvons.

MAÎTRE SIMON.- Cela s'entend.

LA FLÈCHE.- Que veut dire ceci? Notre maître Simon qui parle à votre père.

CLÉANTE.- Lui aurait-on appris qui je suis? et serais-tu pour nous trahir*?

MAÎTRE SIMON.- Ah, ah, vous êtes bien pressés! Qui vous a dit que c'était céans? Ce n'est pas moi, Monsieur, au moins, qui leur ai découvert votre nom, et votre logis: mais, à mon avis, il n'y a pas grand mal à cela. Ce sont des personnes discrètes; et vous pouvez ici vous expliquer ensemble.

HARPAGON.- Comment?

MAÎTRE SIMON.- Monsieur est la personne qui veut vous emprunter les quinze mille livres dont je vous ai parlé.

HARPAGON.- Comment, pendard, c'est toi qui t'abandonnes à ces coupables extrémités?

CLÉANTE.- Comment, mon père, c'est vous qui vous portez à ces honteuses actions?

HARPAGON.- C'est toi qui te veux ruiner par des emprunts si condamnables?

CLÉANTE.- C'est vous qui cherchez à vous enrichir par des usures si criminelles?

HARPAGON.- Oses-tu bien, après cela, paraître devant moi?

CLÉANTE.- Osez-vous bien, après cela, vous présenter aux yeux du monde?

HARPAGON.- N'as-tu point de honte, dis-moi, d'en venir à ces débauches-là? de te précipiter dans des dépenses effroyables? et de faire une honteuse dissipation du bien que tes parents t'ont amassé avec tant de sueurs?

CLÉANTE.- Ne rougissez-vous point, de déshonorer votre condition, par les commerces que vous faites? de sacrifier gloire et réputation, au désir insatiable d'entasser écu sur écu? et de renchérir, en fait d'intérêts, sur les plus infâmes subtilités qu'aient jamais inventées les plus célèbres usuriers?

HARPAGON.- Ôte-toi de mes yeux, coquin, ôte-toi de mes yeux.

CLÉANTE.- Qui est plus criminel, à votre avis, ou celui qui achète un argent dont il a besoin, ou bien celui qui vole un argent dont il n'a que faire?

HARPAGON.- Retire-toi, te dis-je, et ne m'échauffe pas les oreilles. Je ne suis pas fâché de cette aventure; et ce m'est un avis de tenir l'œil, plus que jamais, sur toutes ses actions.