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Actes de l'oeuvre
Le médecin malgré lui :

¤Acte 1
¤Acte 2
ºSCÈNE PREMIÈRE
ºSCÈNE II
ºSCÈNE III
ºSCÈNE IV
ºSCÈNE V
¤Acte 3
 
 

 

Le médecin malgré lui » Acte 2 » SCÈNE V

SGANARELLE, LÉANDRE.

SGANARELLE, regardant son argent.- Ma foi, cela ne va pas mal, et pourvu que...

LÉANDRE.- Monsieur, il y a longtemps que je vous attends: et je viens implorer votre assistance.

SGANARELLE, lui prenant le poignet.- Voilà un pouls qui est fort mauvais.

LÉANDRE.- Je ne suis point malade, Monsieur; et ce n'est pas pour cela, que je viens à vous.

SGANARELLE.- Si vous n'êtes pas malade, que diable ne le dites-vous donc?

LÉANDRE.- Non, pour vous dire la chose en deux mots, je m'appelle Léandre, qui suis amoureux de Lucinde, que vous venez de visiter: et comme, par la mauvaise humeur, de son père, toute sorte d'accès m'est fermé auprès d'elle, je me hasarde à vous prier de vouloir servir mon amour: et de me donner lieu d'exécuter un stratagème que j'ai trouvé, pour lui pouvoir dire deux mots, d'où dépendent, absolument, mon bonheur et ma vie.

SGANARELLE, paraissant en colère.- Pour qui me prenez-vous? Comment oser vous adresser à moi, pour vous servir dans votre amour, et vouloir ravaler la dignité de médecin, à des emplois de cette nature?

LÉANDRE.- Monsieur, ne faites point de bruit.

SGANARELLE, en le faisant reculer.- J'en veux faire moi, vous êtes un impertinent.

LÉANDRE.- Eh! Monsieur doucement.

SGANARELLE.- Un malavisé.

LÉANDRE.- De grâce.

SGANARELLE.- Je vous apprendrai que je ne suis point homme à cela: et que c'est une insolence extrême...

LÉANDRE, tirant une bourse qu'il lui donne.- Monsieur.

SGANARELLE, tenant la bourse.- De vouloir m'employer... Je ne parle pas pour vous: car vous êtes honnête homme, et je serais ravi de vous rendre service. Mais il y a de certains impertinents au monde, qui viennent prendre les gens pour ce qu'ils ne sont pas: et je vous avoue que cela me met en colère.

LÉANDRE.- Je vous demande pardon, Monsieur, de la liberté que...

SGANARELLE.- Vous vous moquez: de quoi est-il question?

LÉANDRE.- Vous saurez, donc, Monsieur, que cette maladie que vous voulez guérir, est une feinte maladie. Les médecins ont raisonné là-dessus, comme il faut; et ils n'ont pas manqué de dire, que cela procédait, qui, du cerveau, qui, des entrailles, qui, de la rate, qui, du foie. Mais il est certain que l'amour en est la véritable cause: et que Lucinde n'a trouvé cette maladie, que pour se délivrer d'un mariage, dont elle était importunée. Mais, de crainte qu'on ne nous voie ensemble, retirons-nous d'ici: et je vous dirai en marchant, ce que je souhaite de vous.

SGANARELLE.- Allons, Monsieur, vous m'avez donné pour votre amour, une tendresse qui n'est pas concevable: et j'y perdrai toute ma médecine, ou la malade crèvera, ou bien elle sera à vous.