Monsieur de Pourceaugnac » Acte 2 » SCÈNE PREMIERE
SBRIGANI, PREMIER MÉDECIN.PREMIER MÉDECIN.- Il a forcé tous les obstacles que j'avais mis; et s'est dérobé aux remèdes que je commençais de lui faire.SBRIGANI.- C'est être bien ennemi de soi-même, que de fuir des remèdes aussi salutaires que les vôtres.PREMIER MÉDECIN.- Marque d'un cerveau démonté, et d'une raison dépravée, que de ne vouloir pas guérir.SBRIGANI.- Vous l'auriez guéri haut la main.PREMIER MÉDECIN.- Sans doute, quand il y aurait eu complication de douze maladies.SBRIGANI.- Cependant voilà cinquante pistoles bien acquises, qu'il vous fait perdre.PREMIER MÉDECIN.- Moi, je n'entends point les perdre, et je prétends le guérir* en dépit qu'il en ait. Il est lié et engagé à mes remèdes, et je veux le faire saisir où je le trouverai, comme déserteur de la médecine, et infracteur de mes ordonnances.SBRIGANI.- Vous avez raison, vos remèdes étaient un coup sûr*, et c'est de l'argent qu'il vous vole.PREMIER MÉDECIN.- Où puis-je en avoir des nouvelles?SBRIGANI.- Chez le bon homme Oronte assurément, dont il vient épouser la fille, et qui ne sachant rien de l'infirmité de son gendre futur, voudra peut-être se hâter de conclure le mariage.PREMIER MÉDECIN.- Je vais lui parler tout à l'heure.SBRIGANI.- Vous ne ferez point mal.PREMIER MÉDECIN.- Il est hypothéqué à mes consultations*; et un malade ne se moquera pas d'un médecin.SBRIGANI.- C'est fort bien dit à vous; et, si vous m'en croyez, vous ne souffrirez point qu'il se marie, que vous ne l'ayez pansé* tout votre soûl.PREMIER MÉDECIN.- Laissez-moi faire.SBRIGANI.- Je vais de mon côté dresser une autre batterie, et le beau-père est aussi dupe que le gendre.
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